Nombre de personnes sont convaincues, aujourd’hui, que séparer l’urine des matières fécales est la seule solution valable pour traiter ses déchets de façon moderne et respectueuse de l’environnement. Mais pourquoi pensent-elles cela ?
Dans cet article, on va vous expliquer pourquoi la séparation des urines n’est pas LA solution, mais que dans certains cas cela reste pertinent. (Et pourquoi, si vous choisissez une toilette à séparation, la SEPARTY est mieux que les autres).
Et surtout, pourquoi Lécopot se met-il à proposer une toilette sèche à séparation (Le monde est-il devenu fou ? La réponse est : « oui », mais ce n’est pas le sujet).
Témoignage
(magnéto Serge !)
Sylvie O. nous dit :
Bonjour,
Quel est l’intérêt du séparateur ?
J’utilise les toilettes sèches depuis 10 ans avec mise en compost et retour à la terre via le potager…
Les urines se transforment en ammoniaque (odeur et pollution des sols) quand elles ne sont pas mélangées avec les matières solides et la litière. Donc quel est l’intérêt de ce séparateur ?
On n’aurait pas dit mieux Sylvie.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Pour une vision graphique des trois systèmes de toilettes, « Tout-en-un », à séparation, « Tout à l’égout », lisez notre articles : « Comparaison de trois systèmes de toilettes ».
Un marché d’avenir
Qu’il s’agisse de fournir à l’Afrique des sanitaires technologiques sans eau (lire notre article sur les toilettes high tech) ou réutiliser le méthane des déjections ou simplement faire le constat que nous ne pouvons plus continuer à souiller l’eau potable, les toilettes changent et c’est tant mieux. Mais vers quel changement aller ? Quand certains militent pour plus d’équilibre avec le vivant, d’autres voient un marché prometteur de produits nouveaux, d’emplois, de plus-value.
La peur du changement
Le changement fait peur en général, les toilettes sèches en particulier. Voir ses déjections (un mythe), sentir les odeurs, les habitudes ont la vie dure quand elles sont renforcées par des craintes de l’ordre de l’intime (lire notre article : « Démystifier les toilettes sèches ». On peut comprendre, dès lors que des alternatives plus « techniques » soient proposées. Entre le tapis roulant qui emporte votre crotte au loin ou la toilette qui vous la carbonise en un temps record, le séparateur est sans doute la solution la moins « bizarre ».
Alors c’est parti pour explorer le bienfondé et les idées reçues sur les toilettes à séparation et la différence entre les systèmes à séparation et « tout-en-un ».
Séparons le vrai du faux
Beaucoup d’infos bidons
Les toilettes sèches ont aussi leurs fake news, et c’est au sujet des toilettes à séparation. Petit passage en revue des fausses vérités sur les toilettes à séparation.
– « Séparer les urines et sécher les solides évitent 80% des odeurs désagréables. » C’est faux Paulo ! Les odeurs désagréables et agressives viennent principalement de cette forte odeur d’ammoniac qui se dégage des urines après très peu de temps. Les laisser dans un bidon ne fait qu’accélérer le processus d’hydrolyse qui fait que ça pue.
Au contraire, le principe du compostage tout-en-un assèche les liquides et neutralise cette hydrolyse en bloquant les odeurs. Lire notre article sur le sujet : »Mauvaises odeurs dans votre toilette sèche ?« .
– « Les urines sont un super fertilisant. » Attention, Gaston ! Si les urines contiennent des nutriments fertiles comme l’azote, leur transformation rapide par oxydation de l’azote en nitrate est un fertilisant certe, mais qui, concentré comme il l’est, détruit l’humus des sols. Il te faudra beaucoup d’eau (encore du gâchis) pour diluer au moins huit fois la quantité d’urine, pour l’épandre sur une surface de culture assez grande pour ne pas la brûler.
Alors que mélangé au compost, cet azote au contact du carbone rentre dans un processus de carbonatation qui, lui, crée de l’humus. L’humus ce n’est pas un engrais, c’est de la terre super riche.
– « La séparation des urines et des selles, c’est plus pratique (le seau est moins lourd). » Ça reste à voir Édouard ! En effet, un seau peut s’avérer lourd quand il est plein. Mais pourquoi attendre qu’il soit plein pour le vider ? Avec le « tout-en-un, vous n’avez qu’un seul seau à vider. Et la nature fait le reste. Dans la séparation, vous en avez deux. Certains préfèrent en effet. C’est une question de praticité contextuelle (ça veut dire : »chacun son truc »).
La contrainte de la manutention des toilettes sèches comme de tous nos déchets est LE changement de paradigme de notre époque. Oui, nous devons, chacun d’entre nous, réapprendre à gérer ce que nous produisons comme déchet. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’avec le compostage, nos déchets organiques ne sont plus des déchets, mais des ressources pour la terre. Lire notre article : « Les toilettes sèches contre la sècheresse« .
– « Les toilettes à compost c’est vieux, les toilettes à séparation, c’est moderne ». Là encore, t’as tort Igor (d’Osgor). Si la valeur des déjections est connue de longue date il n’y a pas d’alternative qui la surpasse jusqu’à présent. La séparation ne valorise pas nos excréments. Et les urines, même transformées en fertilisant, n’apportent pas l’enrichissement d’un vrai compost. La séparation ne succède pas au compostage. C’est un autre système.
En guise de conclusion à mi-parcours
Illustration réalisée par moi-même. Inspirée du « Voyage de Chihiro » de Miyazaki. Le personnage ambigu de « Sans-visage », une âme errante qui se nourrit du désir des autres.
Avec la toilette à séparation, au mieux, les urines sont remises au compost avec le reste. Sinon elles sont dispersées dans un système de phytoépuration. Ou alors, elles sont diluées avec beaucoup d’eau pour être utilisées comme engrais (avec toute la pollution des nappes phréatiques par les nitrates que nous connaissons (voir cet article : Programme d’actions national nitrates), soit simplement rejetées au tout-à-l’égout. Cette dernière solution n’est pas la meilleur mais elle permet de ne pas tirer la chasse.
Quoi qu’il en soit, séparer les urines avec un système de séparateur, de seau, de bidon, de gestion séparée des matières, d’aérateur électrique, tout ça n’est pas aussi simple. C’est un choix personnel en fonction de sa situation.
(Visuel créé par I.A. Mais c’est fou comme ce scientifique me ressemble mis à part le tas de fumier. Est-ce qu’il essai, de faire léviter ce tas ou de le manger ? Difficile à dire. Par contre bravo pour les cheveux et la moustache.)
Un peu de science pour éclaircir tout ça
Vous souhaitez vraiment comprendre pourquoi le compostage est meilleur que la séparation ? Alors voici un extrait du très éclairant article de EAUTARCIE qui vous explique plus précisément encore ce que devient l’urine une fois séparée :
« En fait, sous forme ammoniacale, l’azote ne peut suivre dans la nature que le chemin de l’oxydation. Il se forme ainsi des ions nitrite (NO2-) particulièrement toxiques qui s’oxydent en nitrates (NO3-). L’urine stockée dans le réservoir de la toilette devient un concentré d’ammonium contenant des ions de nitrites et de nitrates. Le nitrate d’ammonium formé est un engrais chimique courant, ce qui explique « le pouvoir fertilisant » de l’urine épandue. Ce qu’on oublie est que les composés ioniques comme le nitrate d’ammonium accélèrent la vitesse naturelle de la décomposition de l’humus.
L’épandage d’urine détruit donc l’humus du sol.
Au niveau du sol, le véritable problème réside dans le processus de percolation et d’oxydation de l’ammoniac contenu dans le liquide. Sous forme ammoniacale (NH4+), l’azote s’infiltre encore plus facilement et rapidement [6] dans la nappe phréatique que sous forme nitrique et constitue une pollution particulièrement pernicieuse. »
Les bons côtés des toilettes sèches à séparation
On y vient
– On ne tire plus la chasse. Et c’est déjà pas mal. Le pipi dans un bidon, le caca dans un sac. On économise environ 30 litres d’eau par jour, par personne en ne tirant pas la chasse des toilettes. C’est pas mal.
– Des associations voient le jour un peu partout qui organisent collectes et valorisation des urines. Ça bouge ! De là à gérer le tout ensemble, il n’y a plus qu’un pas.
– On consomme moins de sciure. Avec tout ce liquide mis de côté, il ne faut pas grand chose pour sécher les excréments solides et neutraliser les odeurs. Malin.
– On peut installer sa toilette où on veut. Pratique.
– L’aspect, peut-être, le plus intéressant des toilettes à séparation, c’est que beaucoup plus de personnes peuvent s’y mettre.
Restons unis
Tout le monde n’a pas un jardin pour composter ses ressources bio-organiques. Un énorme flou règne sur l’utilisation des toilettes à séparation. Qui s’en sert et comment ? Évacuation des urines au tout-à-l’égout, évacuation des matières… ?
Mais la séparation permet d’alléger énormément le poids de notre « culpabilité » (les matières pèsent beaucoup moins lourd que les liquides). Plus il y aura de toilettes sèches à séparation ou à compostage et plus les pouvoir publiques seront obligés d’apporter des dispositifs de gestion durables des déchets organiques en ville. Alors, au-delà des points de vue qui nous séparent, reconnaissons que ces deux systèmes vont dans la même direction. L’union fait la force ! (Devise de la Belgique qui pourrait être celle des toilettes à compost d’ailleurs. Un hasard ? Je ne crois pas).
Pourquoi Lécopot fabrique une toilette sèche à séparation ?
Depuis 15 ans, nous fabriquons des toilettes sèches dites : « à litière bio-maîtrisée », ou, « à compost », ou encore « tout-en-un » et nous ne nous sommes jamais lancés dans la fabrication de toilettes sèches à séparation. Pourquoi ?
Parce que nous pensons, comme nombre de personnes, que la nature est bien faite. Toute la science consiste à comprendre la nature et à l’imiter de façon rationnelle. Les toilettes sèches à litières bio-maîtrisées reproduisent le cycle du compostage en équilibrant les matières azotées avec les matières carbonées. De plus, tout mettre au compost est plus simple, plus logique, moins énergivore et plus naturel. Et ça marche. On obtient un compost super riche. Ainsi, on économise l’eau, mais surtout, on crée de l’humus de haute qualité qui retournera à la terre. Mais pour ça, il faut un jardin ou un espace de compostage. Tout le monde n’a pas cette chance.
Pourquoi aujourd’hui ?
Parce que vous êtes de plus en plus nombreux à vouloir changer vos habitudes sans pouvoir ou vouloir gérer une toilette sèche à litière. Parce que vous n’avez pas de jardin. Parce que vous êtes mobiles. Ou peut-être parce que vous trouvez ça plus pratique.
Notre idée ? Clore le débat entre toilettes à séparation et toilette à litière. La SEPARTY fait les deux. La SEPARTY est une toilette sèche à séparation qui répond à vos exigences. Éthiques, durables, proches, fiable et esthétique. Une fois adoptée, vous faite votre expérience de la séparation. Et, si l’envie vous en prend, vous passer au « tout-en-un » en cinq minutes, ou pas. En tout cas, notre modèle le permet.
Une toilette à séparation qui peut devenir une toilette à compostage.
La SEPARTY, elle fait les deux.
Ne cherchez plus quel système est le meilleur entre les toilettes à séparation ou les toilettes à compost, prenez les deux. Au-delà des débats qui nous séparent, notre solution est la toilette progressive qui vous accompagne dans votre évolution vers l’écologie (oui, oui, comme les chaises pour bébé). Inspirée de Montessori, non je déconne…
La SEPARTY c’est une toilette sèche à séparation (pour faire la fête) qui a tout comme il faut. Le séparateur, le bidon pour les urines et le seau pour les matières. Et si vous êtes du genre DIY, auto-constructeurs, vous pouvez vous procurer les éléments séparément. Un système d’évacuation des urines peut être installé. Et si vous souhaitez une ventilation, un perçage de l’arrière de la toilette est tout à fait possible, puisqu’elle est en bois.
Notre SEPARTY est la seule toilette à séparation qui peut se transformer en toilette à compost (c’est-à-dire « tout-en-un »). En un tournemain, vous retirez le séparateur et placez une bavette à la place et voilà, vous avez une toilette sèche à compost qui fait son travail d’enrichir les sols tout en préservant nos ressources en eau.
Pour finir
Changer le monde a toujours été notre objectif chez Lécopot ce qui en fait une entreprise militante. Des toilettes en bois issus de forêts gérées durablement. Des toilettes solides fabriquées pour durer toujours. Un atelier en France qui fabrique toutes ses toilettes sur place. Cette aventure nous la vivons grâce à vous qui cherchez le meilleur. Nous sommes heureux d’être encore plus nombreux à créer un avenir plus vivant.