Un petit vent (Ventarèl) dans les bleuets
Voici un moment déjà que la marque Yves Rocher utilise nos cabines de toilettes sèches pour accompagner leurs équipes de cueilleurs dans les champs de bleuets et de camomilles. Mais voilà que suite au vol(!) de leur petit coin de toilette sèche, nous avons reçu commande d’une nouvelle Ventarel.
L’image d’une cabine Lécopot flottant dans les champs de bleuets nous a traversée comme un songe et nous avons voulu mettre un visage sur ce rêve afin de lui poser quelques questions.
Ce visage est celui d’Eléonor Germain, agronome et responsable du Pôle production à La Gacilly qui répond avec pétillance et spontanéité à nos interrogations.
Apprenons-en plus sur l’attachement authentique d’Yves Rocher à la nature et à sa terre (natale).
Yves Rocher, de nature engagé
Pourriez-vous nous partager un petit historique de l’engagement d’Yves Rocher envers la nature ?
E.G. : Yves Rocher est le créateur de la cosmétique végétale en France. M. Yves Rocher a créé la marque en 1959 à une époque où la chimie était reine et la cosmétique réservée à une élite. Ayant pu observer la puissance de la nature, il a choisi de créer une marque de cosmétiques à base d’actifs végétaux et accessible à toutes et tous.
La production des produits cosmétiques a commencé (et a toujours lieu) dans le village natal de M. Yves Rocher, à La Gacilly, en Bretagne.
En 1975, M. Rocher décide d’y créer un Jardin Botanique, pour observer le végétal et que les connaissances soient diffusées au grand public.
En 1979, il décide d’internaliser la production des plantes cosmétiques emblématiques de la marque et poussant en Bretagne : le bleuet, la camomille, l’arnica, la matricaire…
D’autres sont venues compléter les champs et depuis 1997, nous les cultivons en agriculture biologique. Nous avons aujourd’hui 60 hectares où cohabitent agriculture et biodiversité !
Depuis combien de temps utilisez-vous des toilettes sèches ?
E.G. : « Nous utilisons les toilettes sèches Lécopot depuis 8 ans, pour les équipes dans les champs (nous la transportons sur remorque de champ en champ !). C’est la solution la plus écologique et la plus pratique pour garantir un accès à des sanitaires à toute l’équipe en permanence ».
Votre démarche très ambitieuse de « Reconnecter l’humain à la nature » est sans doute un des points communs, toute proportion gardée, entre Yves Rocher et Lécopot. Nous sommes très heureux et fiers de fournir nos solutions sanitaires à une marque aussi iconique et prestigieuse. Qu’est-ce qui vous a motivé dans le choix de la marque Lécopot ?
E.G. : La qualité sans aucun doute ! Nous avons besoin de toilettes robustes et fiables pouvant être déplacées et rester plusieurs jours dehors. Il y a un grand choix, qui permet vraiment de prendre ce qui nous convient le mieux, les finitions sont tops… elles sont belles vos/nos toilettes ! Nous sommes fier.ères de les avoir avec nous dans nos champs !
Choix technique pour solution écologique
En quoi les toilettes sèches sont-elles une solution pour vous ?
E.G. : Est-ce que j’ai le droit de dire que je trouve scandaleux qu’en 2024, on en soit encore à (…) dans de l’eau potable ? Après la sécheresse de 2022 qui nous a toutes et tous impacté.es, ça me semble délirant. Victor Hugo disait déjà dans les Misérables qu’il trouvait fou que toute cette matière organique, cet « or noir », finisse dans l’eau des égouts alors qu’on en aurait tant besoin pour amender la terre !!! Le problème est toujours d’actualité : nous sommes obligés de traiter l’eau dans laquelle tombent nos excréments alors qu’une voie leur est toute trouvée… celle du retour à la terre.
Avec Lécopot et la Ventarèl équipée, vous avez fait le choix du système de toilette sèche à litière bio-maîtrisée. Par rapport à la toilette à séparation. Pourquoi ce choix technique ?
E.G. : En toute honnêteté je ne me suis même pas posée la question… pour moi, les TLB sont vraiment la solution la plus facile à mettre en œuvre d’un point de vue utilisation et confort (odeur).
Vous cultivez vos plantes qui servent à la production de vos produits cosmétiques en agriculture biologique. Quelle est la place des toilettes sèches et du compostage dans ce cycle du vivant ? Que faites-vous du compost que produisent les toilettes sèches ?
E.G. : Nous avons deux types de compost : le compost issu de nos productions (déchet de tonte, de désherbage, de tri de plante sèche, de distillation). Ce compost est mélangé avec des biodéchets du restaurant d’entreprise, ainsi que des copeaux de bois, et est épandu dans nos champs. Le compost des toilettes sèches ne suit pas le même cycle (compostage à part pendant deux ans) et est utilisé comme amendement sur des plantations / aménagement en dehors de la production agricole (quantités plus petites).
Un changement est-il possible ?
Avez-vous rencontré des réticences de la part de vos usagers et, si oui, comment y avez-vous répondu ?
E.G. : « Nous avons expliqué le fonctionnement, le but, l’impact, la finalité et tout se passe bien… Quand les personnes voient les toilettes bien entretenues, sans odeur, et comprennent la démarche qu’il y a derrière, il n’y a généralement pas de problème ! (Je précise que nos toilettes sèches sont utilisées également lors de plantations de haies bocagères avec d’autres collaborateur.rices que notre équipe, donc elles ont vu passer pas mal de monde ). »
« On me dit pionnier, je n’ai fait que suivre la nature » Yves Rocher.
Comment faites-vous pour convaincre votre public d’accueillir ces démarches avant-gardistes ?
E.G. : Le public n’a pas accès aux toilettes sèches pour le coup (malheureusement) ; mais dans tous les cas, je pense qu’avec de la pédagogie (et du matériel de qualité en ce qui concerne les toilettes), tout le monde est capable de comprendre l’impact de ses choix… mais ça prend plus ou moins de temps selon les personnes !
Que manque-t-il, d’après-vous, pour que les toilettes sèches soient acceptées par un public que l’on pourrait appeler « plus délicat » ?
E.G. : Beaucoup de gens ont, avant même d’avoir essayé, un blocage mental. Je pense qu’à force d’en faire essayer dans différents lieux, dont des habitats individuels, de voir à quel point c’est performant, pratique et propre, cela va finir par se démocratiser. Mais cela va prendre du temps ! Il faut que nous soyons de plus en plus nombreux.euses à en mettre partout… au travail, chez nous, et ça finira par s’essaimer !
Pensez-vous que plaisir, bien-être esthétiques et raison environnementale peuvent s’accorder ?
E.G. : Bien sûr !!! Et je rajouterai même que cela rend plus heureux.se !
Que diriez-vous aux clients « Yves Rocher » qui se questionneraient sur l’utilisation des toilettes sèches ?
E.G. : On fait un forfait « récolte de fleurs et utilisation de toilettes sèches » si vous voulez venir essayer… non, je blague !
En tout cas, la culture de fleur semble agir sur la bonne humeur, à en croire le témoignage enthousiaste d’Eléonor Germain. Merci à elle pour le temps consacré à notre entretien, pour sa conviction joyeuse et pour son témoignage encourageant.
La pratique des toilettes sèches bouscule certes les codes, mais comme nous l’explique Eléonor, avec du temps, de la pédagogie et du matériel de qualité, le public pourra comprendre et adopter une pratique qui nourrira les sols.
Les toilettes sèches, un soin de jeunesse pour la terre ? Absolument !