Des adeptes des toilettes sans eau Lécopot en Savoie !
Jessika et Quentin nous font découvrir leur gîte « Le Petit Chemin » à Saint-Offenge-Dessus (Savoie, 73), à proximité d’Aix-les-bains, entre Chambéry et Annecy.
D’où leur est venu ce projet de créer Le Petit chemin ?
Après un voyage au Canada, qui s’est prolongé pendant 10 ans par une installation sur place, où ils ont expérimenté le vivre ensemble, le milieu de l’entreprise, puis aller vite et emprunter les grandes autoroutes canadiennes… Le besoin de revenir aux sources, à la campagne, au bien-être, s’est imposé à eux.
De retour en Europe, en camping-car, avec deux enfants âgés de 1 et 2 ans et demi, cette famille a voyagé en France, en Espagne, au Maroc avec un regard curieux sur les gestes écologiques, les manières de vivre en autonomie.
Ils ont étudié de nombreuses théories, fait de multiples rencontres et assisté à de nombreuses conférences sur le thème de l’écologie moderne, l’autosuffisance, les jardins bitnik, tout en se questionnant sur la viabilité d’un tel projet, et en se demandant surtout où le mettre en place ?
Pourquoi ce nom, « Le Petit Chemin » ?
« Tout d’abord ce fut une page Facebook créée avec ce nom pour partager notre expérience en camping-car. Ce véhicule invite à emprunter les petites routes. »
« Le Petit Chemin », vient donc rappeler aussi le contraste entre les grandes autoroutes tout tracées du Canada et ces petites routes du monde.
Quels sont les activités et services proposés dans votre lieu en Savoie ?
Les soins de ZEN Shiatsu sont proposés par Jess, dans une magnifique structure japonaise au cœur du jardin avec un toit en pagode. Elle a été formée au Canada par Maître Stéphane Vien.
Les escapades pour tout âge autour de la mythologie des plantes sauvages, les randonnées, les cueillettes, les ateliers de découverte des bienfaits, les séances de dégustation, les teambuilding sont animés par Quentin, naturopathe spécialisé en phytothérapie et aromérathérapie.
« Nous avons rénové une vieille grange en Savoie. La rénovation a été volontairement réalisée à base de ressources locales, des produits français ! Le gîte a été achevé en juin 2020. Et dans les 3 semaines suivant son ouverture, il a été pris d’assaut dès l’été. Cet hébergement permet des séjours longs ou courts, incluant des activités sur 2 jours/1 nuit ou 3 jours/2 nuits = nuit(s) en écologîte et/ou shiatsu, ateliers, escapades. On en propose trois selon les souhaits : “Un Toit pour Deux” pour les amoureux, “Ressource et Vous” et “Flower Power” pour les amis/familles. »
Un bel avenir en perspective !
Comment se présente votre gîte ?
« C’est un gîte de 6 couchages avec une grande pièce (cuisine, salle à manger et coin salon), 1 salle de bains, 1 toilette sèche, 2 chambres (1×2 personnes et 1×4 personnes) avec une grande terrasse. Ce gîte est une expérience de vie, un lieu pour tester, pour expérimenter des systèmes que nous avons éprouvés, c’est une invitation à changer de lunettes pour une semaine ! »
Quel projet a été marquant dans la création du « Petit Chemin » ?
« Nous avons souhaité mettre en place un système de récupération d’eau de pluie Roselière, que j’ai fait seul, car je n’ai pas trouvé de professionnel compétent, connaisseur du sujet [NDLR : lors de notre échange, nous lui avons parlé du savoir-faire de Pierre L’écoleau, très compétent dans ce domaine]. Ce système permet de stocker, dans des cuves en béton enterrées, 10 000 l d’eau (10 m3) récupérés du toit.
La douche de notre gîte est équipée du débitmètre Amphiro. Nous avons reçu une famille qui s’est amusée à calculer le litrage d’eau utilisé !
Ce projet de récupération d’eau de pluie a mis en exergue le fait que le réseau dit « écologique » est un réseau qui fonctionne avec de l’argent. Par exemple nous avons voulu installer des panneaux solaires : l’installer soi-même revient entre 3 et 5 fois moins cher.
Notre lieu a aussi pour vocation de faire prendre conscience que c’est accessible. C’est apporter un modèle, un lieu pour réellement expérimenter des choses simples ! »
Pourquoi avez-vous opté pour des toilettes sans eau ?
« Lors de ce parcours de vie, notre quête de sens s’est confrontée à une “écologie dite commerciale”, pas du tout éthique, qui donnait l’impression que, sans subvention, rien n’est possible. »
L’objectif du « Petit Chemin » se dessine alors : comment démontrer que les gestes écologiques sont simples et à la portée de tous ?
« Les toilettes sèches font partie de cette cohérence première. D’abord expérimentées au Canada, puis retrouvées dans des villages en Europe, vues dans les maisons des gens, dans les écovillages, nous les avons installées, en premier, il y a 5 ans chez nous. » Ces toilettes sèches ont été réalisées avec l’esthétique d’une cabane réinventée, pour venir titiller l’envie de retour à la nature.
« Nous avons à cœur de casser les préjugés et de permettre à nos clients de repartir avec des envies. »
À propos du kit inox utilisé pour les hébergements, qu’en pensent vos clients ?
« Neuf clients sur dix n’avaient jamais vu de toilettes sèches auparavant.
Nous avons installé une ardoise (photo ci-dessus), visible depuis le bas. Les clients sont invités à signaler que le seau est plein avec une croix. Ainsi, je viens et vide le seau 1 fois par jour pendant les absences.
Nous avons de drôles de scènes ! Par exemple, au début, pour 3 personnes le seau était plein au bout de 8 heures. Alors que nous sommes 4 personnes et que, pour notre utilisation personnelle, nous vidons le nôtre tous les 2 à 3 jours ! Un autre client avait mis le papier souillé dans la poubelle… »
Kit Inox acheté sur www.lecopot.com
« Nous avons alors décidé de rappeler avec humour le mode d’utilisation en début de séjour :
1 pipi = 1 louche ; 1 caca = 2 louches.
Nous rappelons qu’il n’est pas nécessaire de recouvrir la totalité de nos besoins avec du papier toilette et que ce dernier se met directement dans le seau. »
Quel est le retour de vos clients quant à l’utilisation des toilettes sèches en gîte ?
« Passé l’effet de surprise, nos clients nous témoignent à la fin des séjours qu’ils s’y sont très vite habitués !
Certains d’entre eux, souhaitent ensuite découvrir comment faire après avec le seau. Ils m’accompagnent alors jusqu’aux composteurs. En moyenne, sur un séjour de 3 jours, nous vidons une fois le seau. »
Comment compostez-vous ?
« Nous compostons dans le jardin avec un bac créé en palettes. Il nous servait auparavant pour notre usage personnel. Nous y mettons également des épluchures. Nous aimons observer les hérissons qui y dorment, les mulots, les insectes, et les jeunes pousses potagères qui s’y développent spontanément, C’est un espace plein de vie. »
« Nous devons cependant améliorer notre aire de compostage. En attendant, nous trouvons des astuces, comme pour le poids du seau. Nous avons installé une brouette devant la cuisine pour y mettre le compost de cuisine et le seau des toilettes sèches, afin de tout descendre au composteur. Le couvercle nous permet de préserver notre intimité et de ménager les susceptibilités. »
« Pour la “Magie du compost”, c’est un tonneau que nous remplissons de compost pas totalement décomposé (il a 1 an environ) et on l’a laissé… Surprise ! Au printemps, fleurs et tomates cerises, citrouilles sont sorties à profusion ! Depuis, on ajoute un peu de compost chaque année et surtout… on ne plante rien ! On laisse faire la nature ! C’est notre tonneau magique ! Cela fait 3 ans. Cette année, on a eu en plus des oignons, des nouvelles sortes de tomates (cœur de bœuf, tomate-poires oranges…) et le enfants se plaisent à y jeter tout ce qu’ils trouvent ! »
Comment réagissent vos enfants ?
« Âgés maintenant de 8 et 10 ans, ils nous font des réflexions sur leur école. Par exemple, le robinet d’eau qui continue à couler après le lavage des mains ou le manque de toilettes sèches à l’école. Une anecdote précise : lorsqu’une copine vient manger, elle se lave les mains et ils ferment le robinet derrière elle… C’est en l’accompagnant aux toilettes que cela devient drôle, elle s’exclame : “C’est économique ! C’est économique !”.
Ils ont également une envie de vivre avec les saisons, avec le respect de ce qui se passe à l’intérieur d’eux. Comme lors de la 1re année d’installation du système de récupération d’eau de pluie : l’envie folle de prendre un bain depuis 3 semaines, alors que la réserve d’eau touche à sa fin. Seule la douche était permise. Puis, regardant par la fenêtre, ils voient l’orage arriver. Ils sortent en courant, danser sous les gouttes de pluie, se réjouissant du bain qu’ils allaient enfin pouvoir prendre. »
Il semble que « Le Petit Chemin » n’en soit qu’au début de son éclosion, son rayonnement commence à se faire sentir ! Avec par exemple d’autres projets en cours, tels que la création d’un espace dédié aux produits locaux, favorisant les rencontres entre producteurs et les réseaux des consomm’acteurs. « Ce fut une interview, une rencontre passionnante et riche, j’ai hâte d’y réserver mes prochaines vacances en famille ! » Isabelle Beau Bois, assistante au service commercial pour Lécopot.
Merci à Jessika et Quentin !
Retrouvez-les dans leur Petit Chemin : le-petit-chemin.com