Une toilette sèche pour le changement.
À l’occasion de l’installation d’une cabine de toilette sèche Lécopot au village de « Le Bousquet » en Pyrénées audoises, nous recueillons le témoignage du Maire du village. Christian Aragou est investi dans les questions environnementales. Il agit pour l’adaptation aux changements climatiques, en particulier au sujet des ressources en eau.
Comme ailleurs, les zones d’altitude souffrent de pénuries d’eau. Christian Aragou travail à la valorisation des zones humides. Ces zones sont essentielles pour réguler les réserves en eau de façon naturelle. Les toilettes sèches sont, pour lui, une solution d’avenir dans l’adaptation aux changements climatiques. L’économie d’eau réalisée et la valorisation des produits issus des toilettes sèches peuvent aider fortement à préserver les ressources d’eau potable tout en enrichissant les sols et la végétation régulatrice des ressources en eau.
Christian Aragou
Christian Aragou, je suis le maire de la commune de Le bousquet. Le conseil municipal a pensé qu’il était utile d’installer une toilette sèche sur un lieu du village qui est un petit peu isolé. C’est un endroit ombragé avec un terrain de boule, des tables de pique-nique. Cette toilette sèche va servir aux habitants permanents ou non parce qu’on a beaucoup de résidences secondaires sur le village.
Le Pic du Madrès en Pyrénées audoises
Ce n’est pas notre première toilette sèche. On a installé une toilette sèche au niveau du refuge du Madrès qui est un refuge en altitude. Le refuge est géré par trois communes des villages du Madrès en Pyrénées audoises puisque c’est comme ça qu’on peut nous caractériser. On constatait des nuisances autour du refuge. Du papier un peu partout, des choses pas très agréables. On l’a installé il y a quelques mois avant la saison d’été. C’est surtout à cette période-là que nous avons beaucoup de monde qui passe. Ce sont des promeneurs qui veulent aller faire le pic du Madrès qui est le plus haut de l’Aude avec ses 1469 m.
Sans eau, sans réseau
Sur ce refuge ou ici, il n’y a pas de réseau d’assainissement ni de réseau d’eau. Donc la toilette sèche, c’était une idée tout à fait tout à fait adaptée. Cela nous a permis d’installer des sanitaires rapidement sans dépenser une fortune.
Réchauffement climatique en montagne, une réalité
Certains peuvent penser que les problèmes d’eau, les problèmes liés au réchauffement climatique, c’est pour la plaine et pas pour la montagne. C’est absolument faux. Aujourd’hui, par exemple, on a trois captages. Sur trois captages, il y en a un qui est arrêté. Les conséquences, on les observe très bien sur la forêt par rapport à des dépérissements notamment. Le village a été déneigé d’une façon extrêmement importante tous les hivers. Et aujourd’hui, tout ça est en train de disparaître.
Cette année, on a déneigé le village à 3 ou 4 reprises pour des quantités de neige très faible. Donc effectivement, tout ça, ça se retrouve ensuite au niveau de l’eau de nos captages, de nos ruisseaux et le manque d’eau va se faire de plus en plus sentir. Il faudra adopter des comportements sobres à ce niveau-là.
Les zones humides
En ce qui me concerne, je m’occupe beaucoup de problèmes d’eau puisque je suis vice-président d’un syndicat hydraulique qui avait une première préoccupation, les crues. Mais qui maintenant participe beaucoup plus à tout l’environnement en général avec ici des réhabilitations de zones humides.
Les zones humides sont des zones qui ont un grand intérêt, parce qu’elles jouent un rôle d’éponge par rapport aux crues et ensuite, restituent lentement cette eau, ce qui permet de limiter l’impact des crues certes, mais aussi d’avoir nos ruisseaux qui restent actifs la plupart du temps. Ce qui malheureusement avec le réchauffement climatique était de plus en plus difficile.
Le système des toilettes sèches.
L’avantage de ce système de toilette sèche, c’est qu’on n’a pas besoin d’eau et on n’a pas besoin de réseau d’assainissement. Lécopot, c’est une entreprise du coin. Moi, je l’avais un petit peu repéré. Le montage de la première toilette sèche, c’est très bien passé. On a vu la qualité du travail qui a été effectué. Et je pense que celle qu’on est en train de monter maintenant, c’est tout à fait la même chose puisque c’est exactement le même modèle. C’est un modèle un petit peu renforcé par rapport à des climats un peu difficiles l’hiver. Donc on est optimiste.
Le compostage au niveau des collectivités
La matière que l’on récupère ne peut pas être utilisée à titre collectif au vu de la réglementation que nous avons actuellement en France. Avec un temps de compostage au minimum de 2 ans, on pourrait s’en servir. Mais nous, au niveau communal, on ne le fera pas. On a aujourd’hui un système de compostage collectif des déchets, les épluchures, les déchets verts et cetera. Nous donnons du compost. Nous ne mélangerons absolument pas les choses par rapport aux produits des toilettes sèches. Aujourd’hui, on a quand même un frein au niveau réglementaire, mais peut-être que les choses évolueront demain.
Le comportement des usagers
La petite inquiétude, c’est de voir comment les gens vont se comporter. Sur celle du refuge du Pic du Madrès, pour le moment, on n’a pas de problème. Des explications complémentaires pourront être données par rapport à la bonne utilisation. Après, il peut y avoir aussi la réticence certaines personnes à les utiliser. On va être plusieurs au niveau des élus ou d’autres personnes concernées sur le village pour encourager les gens à franchir le pas de l’utilisation des toilettes sèches.
La toilette sèche, une solution d’avenir
Enfin, moi, je suis persuadé que c’est une solution d’avenir importante à creuser davantage. Mais il faudra qu’on évolue parce qu’effectivement gaspiller de l’eau pour évacuer des excréments, ce n’est pas le top. Et si effectivement en plus, on peut utiliser les produits des toilettes sèches, pourquoi pas ? Je crois que qu’effectivement, il y a des choses qui devraient évoluer.
Préserver l’eau
Donc l’eau, c’est quelque chose d’extrêmement important. Salir l’eau, et on salit l’eau avec les systèmes actuels, on tire des chasses. Il est un peu dommage que l’on dépense beaucoup d’eau pour ça. Et demain, on risque d’avoir de tels problèmes par rapport à l’eau disponible. Ce sont des solutions qui pourront être mises en œuvre à une échelle beaucoup plus grande. Moi, j’y crois.