Tendances toilettes sèches 2025.

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Aujourd’hui, choisir ce que l’on décide de considérer est primordial

La France connaît une baisse d’intérêt de la part des français pour les questions environnementales. Les perturbations économiques et politiques nous font entrer dans une période de turbulences que le dérèglement climatique illustre parfaitement. Pour autant, depuis plusieurs années une saturation semble se faire sentir quand à la question climatique. Trop de sollicitations dans l’urgence face à des dangers de plus en plus menacants. Hier c’était le COVID, aujourd’hui c’est le spectre de la guerre qui refait son apparition.

Alors ? Déni ? Sentiment d’impuissance ? Abandon ? État de sidération ?

Penser aux petites fleurs, à l’harmonie, à la paix, à renouer un lien avec le vivant, tout ça peut sembler vain et fragile.

Pourtant c’est en se reconnectant en permanence au vivant que l’on peut espérer préserver ce qu’il y a encore de bon en nous. Et c’est en nettoyant devant notre porte  que nous commençons le chemin de gestion responsable de notre environnement. Alors, prenons un moment pour regarder ce qu’ensemble nous arrivons à faire. Constater que nous ne sommes pas seuls et que des initiatives existent, peu nous aider à nous remettre en route.

Retrouver espoir

Bon nombre d’études, d’expérimentations et d’entreprises ont vu le jour ces dernières années dans le domaine des toilettes sèches. Un bon baromètre de la transition concrète qui s’opère silencieusement par les citoyens et que les chercheurs étudient. (des études majoritairement orientées vers les toilettes à séparation.) Evidemment, vu le contexte, la question économique risque de donner le ton aux solutions adoptées politiquement et aux choix des infrastructures qui les implémentent. En 2025 la concurrence est rude même si au niveau législatif, les évolutions sont au point mort. Beaucoup de monde attend à la porte du progrès.

À quand une prise de décision politique de faire passer nos fèces de l’état de déchets à celui de ressources ? (« Et mes fesses ? Tu les aimes mes fesses ? » Phrase tirée de « Le mépris » J.L.Godart. 1963)

Heureusement, ça bouge jusqu’à Paris où les expériences prennent de l’envergure.

Un p’tit tour d’horizon du monde des toilettes sèches en 2025 ?

Allez, c’est parti !

Au niveau légal

Nécessité fait loi

Toujours pas d’évolution de la loi après l’arrêté du 7 septembre 2009 et modifié par arrêté le 7 mars 2012 – art.20. Cet arrêté est applicable uniquement aux installations d’assainissements non collectifs recevant une charge brute de pollution organique inférieure ou égale à 1,2 kg/j de DBO5. Pardon pour la grossièreté.

 

En bref, vous pouvez composter vos toilettes sèches « discrètement » dans votre jardin. L’urine, elle, entre en odeur de sainteté, petit à petit. Les études et les expériences l’attestent. (Y a quand même des gens qui la boivent !) Mais les matières solides restent encore sous silence. On en parle pas. Comme si on ne savait toujours pas quoi en faire. Comme si l’urine était la seule source d’enrichissement pour les sols.

 

Mais audelà de cet aveuglement cognitif. Structurellement, le vrai basculement vers les toilettes sèche se passera là où il y a le plus de gens. Donc tout l’enjeu aujourd’hui, ce sont les villes et l’acheminement des ressources solides vers les zones de valorisation (la campagne quoi). Une question éminemment sociale, donc politique.

On parle politique ?

Non.

Ou seulement pour signaler qu’une citoyenne a pris sur elle d’écrire à tous les députés de France un plaidoyer sur les toilettes sèches. Et c’est Sylvie Ferrer (qui mérite sa photo), députée (LFI) des Hautes-Pyrénées qui a relevé le défi de poser une question au gouvernement, par écrit.

On attend encore la réponse.

 

Bon allez d’accord

 

L’autre news politique, c’est le parti Europe Écologie les Verts qui adoptent lors de leur Conseil Fédéral des écologistes le 11 octobre dernier, une motion en 9 points dont le but est de, (je copie-colle) :  » Développer l’Assainissement Écologique, filière circulaire pour reconnecter Assainissement – Agriculture – Alimentation, décarboner les fertilisants agricoles et aller vers une meilleure résilience alimentaire « . Je vous mets les premiers mots de chacun des points développés: Soutenir, réfléchir, participer, encourager, favoriser, sensibiliser, favoriser, promouvoir, et enfin, préparer.

Nous pouvons dès lors dire que les écologistes nous soutiennent. Nous, c’est vous, ce sont toutes les personnes engagées dans la préservation de l’eau et l’enrichissement des sols.

On en attendait pas moins de leur part.

De la recherche en veux-tu ?

OCAPI

 

C’est Le programme de recherche et action sur les systèmes alimentation/excrétion et la gestion des urines et matières fécales humaines. Initié par le LEESU (Laboratoire Eau Environnement systèmes urbains). C’est un laboratoire commun de l’École nationale des ponts et chaussées (Enpc) et de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC). Des études, des recherches, mais aussi des actions concrètes de communication et de projets. C’est beau la science.

Des projets universitaires qui sentent bon

 

Toute une série de projets de recherche avec expérimentation fleurissent autour de la gestion des ressources pour passer d’un traitement « linéaire » à un traitement circulaire. Des projets avec des noms de code digne d’opération militaires secrètes comme : TANGO, KOLOS, DESIGN, MOCOPÉE, MUSES, SMS. De là sont édités des études et des thèses afin de construire une conviction scientifique qui, on l’espère, un jour, peut-être, sera un outil de conviction pour les décideurs.

Mais on le sait, malgré le bon sens et le rationalisme, ce sont les émotions qui font décisions. Le « tout-à-l’égout » ne naît-il pas d’une journée durant laquelle la Tamise asséchée a fait remonter les odeurs des égouts jusque sous les fenêtres du Parlement Britannique ?

À quand une coupure d’eau ?

On communique

Le projet Circulus recrée le lien rompu au XXe siècle avec l’invention des engrais de synthèse et l’avènement du tout-à-l’égout.

Trois projets phares :

 

Humus humains : un spectacle de vulgarisation sur la circulation des nutriments dans notre société.

 

Boucle d’Or : Produire du pain, des biscuits à partir d’une farine issue de blé fertilisé à l’aide d’engrais issus de l’urine humaine.

 

En Selles : C’est un Tour de France à vélo, pour recueillir la parole des acteurs de ce sujet trop peu médiatisé. C’est un documentaire sonore et visuel, une expo photo et peut-être plus encore.

 

Toutes ces initiatives restent malheureusement encore trop confidentielles. À l’image sans doute du sujet lui-même. Alors comment amener ce sujet sur la place publique ?

Heureusement, il y a les festivals

 

Sauf pour Clara Luciani qui a supplié les organisateurs de festival de cesser de proposer des toilettes sèches, car c’est horrible. « Quand je m’assieds sur une toilette sèche, je me sens atteinte dans ma dignité humaine », a déclaré la diva. Hooo bichette. À sa « décharge », c’était en 2020. A-t-elle relevé le niveau auquel elle place la dignité humaine depuis ?

Au fait. Si vous êtes une célébrité, ou que vous en connaissez une qui utilise des toilettes sèches, merci de nous mettre en contact.

Alors pensons et trouvons les mots

Les déchets corporels : une matière à penser

Comment les sociétés riches et industrialisées s’occupent-elles de leurs excréments ? Aperçu d’une recherche, coordonnée par l’anthropologue Marine Legrand, sur les méthodes de gestion contemporaines des urines et matières fécales humaines. Un sujet aussi surprenant que passionnant, pourvu que l’on se penche un peu dessus ! (Le talent, c’est de savoir où tremper sa plume.)

Politiser le renoncement

Renoncer c’est choisir. Ah non, c’est le contraire. Bref, nous la savons, demain, il faudra faire moins avec …, ben moins. Alexandre Monnin nous invite à politiser ce renoncement pour que les choix qui seront pris tiendront compte de tous. L’actualité ne nous montre-t-elle pas les conséquences d’un état d’esprit général survivaliste ? Aïe ! Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Ah oui, je pense.

Ouf ! Il y a encore du papier

« Liberté, égalité et toilettes sèches », Nathan édition

À faire lire à vos ados pris d’encoprésie quand vous débarquerez avec une toilette sèche. Ma famille de bourges chez les zadistes ! Une nouvelle épidémie menace la capitale ! Le père d’Alix ne voit qu’une solution : fuir Paris illico presto. Alors qu’ils sont en route pour se confiner dans leur maison de campagne, leur voiture tombe en panne, en pleine forêt. Dans une communauté altermondialiste et anarchiste… (Perso, je ne vois pas le problème).

« Installer des toilettes sèches », Ulmer éditions.

Pour les techniciens. Amoureux du bricolage et de l’autonomie. Maxime Leurent a créé avec sa femme, dans les Asturies au nord de l’Espagne, un centre d’expérimentation et de formation à toutes les solutions qui peuvent mener à plus d’autonomie : alimentation, eau, énergie et autoconstruction. Depuis plus de 10 ans, il a construit et utilisé différents types de toilettes sèches dont il maîtrise tous les aspects.

Des immondices aux biodéchets, Presse des Ponts

Relativiser avec l’histoire. Retraçant pour la première fois l’histoire de la gestion des déchets organiques de l’agglomération parisienne, depuis l’Ancien Régime jusqu’à aujourd’hui, cet ouvrage se présente comme un récit richement illustré et pédagogique. Il retrace sur plusieurs siècles les relations étroites entretenues par les citadins avec leurs déchets organiques, soulignant la variété des organisations et des pratiques, et les difficultés rencontrées pour atteindre des objectifs régulièrement remis en question.

La planète Low-Tech dont la toilette sèche est un pays

Sans doute l’occasion d’un sujet à part entière, le Low-tech est cette approche qui allie économie de moyen et technologie pratique. L’intelligence en somme. Rappelant que s’il y a une énergie libre, c’est bien le cycle du vivant. Le comprendre et le manier techniquement nous ramène à l’essentiel. Vivre en harmonie avec ce monde. Et justement…

Biosphère-Expérience

Caroline Pultz et Corentin de Chatelperron ont emménagé dans un appartement parisien pour vivre une expérience qui, par certains aspects, ressemble aux modes de vie des astronautes en station spatiale. Vivre et expérimenter sur une planète étrangère en ayant pour objectif premier d’économiser l’énergie. Dans leur sillage, ce sont plus de 650 expériences menées en France et à l’étranger.

À suivre d’urgence, ça se passe maintenant.

Le Low-Tech journal

 

Il vaut mieux vendre 10.000 magazines à une personne que de vendre un magazine à 10.000 personnes. Ah non, c’est le contraire. Ce média indépendant se tourne dès lors vers les collectivités telles que les bibliothèques et les entreprises pour distribuer le fruit de leurs enquêtes de fond riches et fertiles. Une façon de continuer à publier en réduisant l’impact. Des ressources sur les technologies douces, ça fait du bien. Et ça fait du bien de voir se réaliser un avenir pas si moche que ça en fin de compte.

 

À découvrir : Lowtechjournal.fr

Et maintenant, une liste sans fin (c’est pas vrai) de projets très inspirants (c’est vrai).

Passé, présents et à venir. Et qui prennent de l’ampleur.

l’Ôôôberge en Bretagne

Une asso. un office HLM, 2 bureaux d’architectes ont réussi à s’assembler pour créer un écoquartier avec des toilettes sèches intégrées. Un bel effort qui s’avère néanmoins coûteux et qui ne convainc pas tous les locataires. Ça doit se rôder tout ça.

Habitat collectif Au Clair du Quartier, Grenoble.

L’avantage dans cette forme d’habitat, c’est que la volonté d’utiliser des toilettes sèches est acquise dès le début. Il y a une vision commune. De là à dire que d’autres formes de collectivités engendre d’autres manières d’habiter le monde… et bien oui, on le dit. En tout cas, les sujets de discussion ne tournent pas autour des toilettes sèches. La preuve que ce n’est pas un problème en soi.

Cinéma Utopia de Pont-Sainte-Marie, dans l’Aube

Vous voulez aller voir un bon film en étant certain que si une envie vous prenait vous ne pollueriez pas de l’eau potable ? Et bé voilà. C’est quand même un énorme défi pour cette directrice de salle que d’avoir affronté railleries et quolibets de la part du milieu et des clients pour mener son projet jusqu’au bout.

Une association de collecte sur Bordeaux

L’Association La Fumainerie, Maison de la matière Organique (ou MAMMO) œuvre pour le déploiement de l’assainissement écologique en milieu urbain, et plus largement pour l’émergence de filières de gestion circulaire et locale de la matière organique sur la métropole bordelaise. Un projet qui ne donne pas suite.

La cité fertile à Pantin

Installée depuis 2018 sur le site d’une ancienne gare de marchandises SNCF à Pantin, la Cité Fertile est un tiers-lieu dédié à la transition écologique et sociale. La Cité Fertile réunit des acteur.ice.s engagé.e.s dans l’Économie Environnementale, Sociale et Solidaire (EE*SS) à l’occasion de rassemblements citoyens, de temps d’innovation entrepreneuriale et de fêtes dans un cadre éco-responsable.

Projet de quartier Saint-Vincent de Paul

La Ville de Paris a engagé la reconversion de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul dans le 14e arrondissement, libéré de ses activités hospitalières depuis 2012. L’objectif est de produire un écoquartier « zéro carbone, zéro déchet, zéro rejet ». Mais ça part d’un mouvement citoyen associatif, rappelons-nous-en.

En conclusion

Parmi les projets cités, certains n’existent plus. D’autres ont dû voir le jour depuis mes recherches. Tout cela peut sembler une goutte d’eau dans un océan high-tech. Néanmoins, force est de constater que l’énergie de création d’un nouveau paradigme vient d’une population civile en recherche, en réflexion et en expérimentation. Des initiatives individuelles se rassemblent pour constituer un mouvement. Rassurez-vous. Vous n’êtes pas seuls et ce que vous faites, à travers votre engagement, a un impact bien plus grand que ce qu’il paraît.

Nous vous souhaitons une année 2025 plus sobre et en même temps plus heureuse chaque jour.